Je me permets de débuter par une question : dans les temps actuels, peut-on encore vraiment s’ennuyer? Ou devrais-je affiner davantage mon questionnement : notre société valorise-t-elle les moments d’ennui? De grâce, soyons honnêtes. Ne nous racontons pas de mensonges, surtout.
Je trouve essentiel de m’interroger sur cet enjeu, car si je vais de ma réponse très personnelle, je dirais que malheureusement, non. Notre société n’encourage pas les moments ennuyeux. J’oserais même dire que la majorité des individus fuient ces instants d’inactivité comme la peste. Mais pourquoi donc?
Il est clair que les gens ont horreur de ne rien faire. Car ne rien faire signifie plusieurs choses. D’abord, la paresse. Ensuite, le manque de productivité. N’oublions pas que nous avons été conditionnés au fait que tout doit être mesuré; si on ne produit rien de visible, de tangible, ce temps est perdu. Alors le réflexe est de trouver à tout prix un moyen de remédier à ce problème. La réponse se trouve malheureusement et trop facilement sur un écran – ces chères petites lucarnes qui tuent souvent le temps plutôt que de le meubler de manière riche. D’ailleurs, j’ai toujours eu de la difficulté à concevoir l’expression « tuer le temps ». Il y a une violence qui s’en dégage. Et possiblement aussi un soupçon de désespoir.
Les moments d’ennui ouvrent la porte à une idée, une solution, un point de départ, une introspection, à une observation de soi et de ses pensées. Pour s’ennuyer, il y a un truc infaillible : éviter de recourir au divertissement ou à quelque chose qui meuble le temps. Un beau défi selon moi!
Tous les inventeurs, les grands penseurs de ce monde, et tous ces gens qui ont révolutionné les différents domaines de notre civilisation ont sûrement eu besoin de moments ennuyeux pour en arriver à toutes ces créations et à ces élans d’ingéniosité.
Est-ce que se reposer, méditer, contempler, observer, réfléchir, être en silence, signifie que l’on ne fasse rien? Si ce n’est pas mesurable, est-ce pour autant inutile? Et s’il y avait une valeur au temps d’inactivité, et que notre monde moderne en avait plus que besoin? Et si on imaginait un monde où les instants d’ennui seraient les bienvenus?
Remplir l’espace… mais pourquoi, et avec quoi? Est-ce par peur d’entendre le cri réel de notre âme qui ne cesse de nous dire à quel point elle a soif d’un précieux temps d’arrêt? Je te laisse t’ennuyer sur cette question… ♥♥♥