Examen de conscience
Ces derniers jours ont été bouleversants pour moi. Faire le tri de mes pensées n’est pas simple. Par où commencer? Est-ce que les mots peuvent traduire mon ressenti, ou est-ce que le silence est la parole la plus juste?
Il y a une dizaine de jours, je revenais chez moi après un court séjour en solitude, dans la nature, loin de la technologie et des facilités de la vie (ce retrait des bruits du quotidien m’est devenu vital). En retrouvant ma maison et ma petite routine, j’ai consulté les actualités pour voir ce qui s’était passé sur la planète durant ma brève absence. Ce fut le choc. La consternation.
Je suis une animiste. Mes écrits sont influencés par le vivant, par la nature humaine, mais aussi par la beauté du monde inerte, par le subtil, le céleste et l’invisible. Le reste m’importe peu. Spectatrice d’une société qui se déchire et qui ne correspond pas à mes valeurs fondamentales, alors j’observe, je discerne. Je crée une réalité à l’image de qui je suis, et ce, même lorsqu’il faut nager contre le courant.
Voilà pourquoi aujourd’hui, j’écris à la mémoire d’un jeune homme que je ne connaissais que par le biais du web. Mais « connaître » est un bien grand mot : j’avais entendu parler de lui, et je savais ce pour quoi il militait. Il était soit détesté, soit adulé. Personnellement, j’admirais le courage qu’il avait d’ouvrir la porte au dialogue avec quiconque voulait échanger - d’un être humain à un autre. Ses convictions politiques, ses croyances et ses idéaux m’importaient peu. Ce que je voyais à travers lui, c’était son souci de prouver que la divergence n’avait aucunement besoin de mener à la violence.
Dans les faits, ce jeune homme est arrivé sur un campus universitaire avec un micro pour créer des échanges et débattre en toute franchise. L’autre, pour sa part, est arrivé avec une arme à feu. Personne n’était forcé de participer à cette conférence. Personne n’était obligé de débattre sur la place publique. Pourtant…
Que l’on ait été d’accord ou non avec lui est sans aucune importance. Ce qui importe, c’est ce qui anime nos pensées, nos paroles et nos désirs, d’instant en instant. Depuis le jour de son assassinat, il semble que tout à coup, plusieurs se voient dotés du pouvoir de décider quel individu mérite de vivre et lequel devrait mourir. Nul besoin d’aller loin pour entendre les opinions; les voix s’élèvent autant sur Internet qu’au café du coin ou à la table familiale.
Un examen de conscience s’impose en chacun de nous.
Mais à qui revient le droit de décider du sort d’une vie humaine?
Est-ce que l’allégeance politique ou religieuse est une raison suffisante pour vouloir la mort d’un individu?
Se réjouir de l’assassinat d’une figure publique est-il moralement acceptable?
Je suis convaincue que lorsque nous participons à la réjouissance de la mort, nous contribuons à la déshumanisation de notre société. Quelles que soient nos croyances politiques ou religieuses, à la base, nous faisons tous partie de la grande famille humaine. Cessons de maudire notre prochain. Quand le spectacle ne nous convient pas, levons-nous tout simplement de notre siège et quittons la salle sans faire de bruit.
Se réjouir de la mort mène à la perte de sa propre humanité. C’est un prix très cher à payer.
Personnellement, je refuse de demeurer insensible devant autant de bêtises et de grossièretés. Je refuse toute forme de violence, y compris celle des mots et des idées. Je refuse de faire semblant de ne pas avoir vu. Je refuse de tenir un discours qui n’est pas le mien, seulement pour faire partie du groupe.
L’indifférence et le mépris face à cette tragédie sont autant d’armes qu’un pistolet.
Faisons notre examen de conscience.
Repose en paix, Charlie Kirk. Ton départ tragique et cruel allume en moi une bougie qui me donne envie de poursuivre l’œuvre du dialogue pacifique et non-violent ♥♥♥