Le monde dans mon assiette

Chaque jour, j’ai le privilège de manger à ma faim. J’en suis extrêmement reconnaissante, car c’est effectivement un privilège. Se nourrir convenablement – si ce n’est pas de se nourrir tout court - est malheureusement un luxe pour trop de gens. Et pas besoin de chercher bien loin pour connaître des personnes, au sein même de nos collectivités, qui souffrent d’insécurité alimentaire.

À défaut de pouvoir nourrir tous les gens qui ont faim dans le monde, je prie, et je remercie Dieu de me donner la chance de m’alimenter sainement. C’est le moins que je puisse faire : avoir de la gratitude et dire merci pour ce que m’offre généreusement la vie. Je fais également un effort très conscient pour ne pas générer de gaspillage (j’en ai horreur, d’ailleurs).

Il y a quelques années, j’ai lu un article qui m’a beaucoup touchée. Rédigé par le moine bouddhiste vietnamien Thich Nhat Hanh (1926-2022), il expliquait que tous les humains sont interreliés – et particulièrement dans nos assiettes. As-tu déjà pensé au nombre impressionnant de personnes qui contribuent à ce que tu puisses avoir de quoi te nourrir? Du cultivateur, à la personne qui s’occupe des semences, au producteur, aux employés d’usines, jusqu’au livreur et au marchand qui vend le produit en question. Chaque fois que nous mangeons quelque chose que nous n’avons pas cultivé nous-mêmes, nous sommes liés énergétiquement à tous ces individus de par le monde.

Et si tous les jours, nous prenions un moment pour y réfléchir?

J’ai personnellement pris l’habitude de bénir tous mes repas et de dire merci. Mais il n’y a pas besoin de pratiquer une religion, de croire en Dieu ou de prier pour ressentir un profond sentiment de gratitude. Si tu as la chance de donner à ceux qui ont faim, c’est miraculeux. Sinon, et si tu as toi aussi le privilège de manger tous les jours, le plus bel acte que tu puisses faire envers l’humanité, c’est simplement de dire merci. Un merci sincère et conscient pour le travail et l’implication de toutes celles et ceux qui ont contribué à ce que tu puisses jouir d’une assiette bien remplie : de la personne qui a préparé la terre, planté la graine, arrosé le jardin, cultivé la récolte, transformé, transporté, préparé, livré, emballé, effectué la transaction finale.

Prendre une simple petite minute de reconnaissance avant chaque repas, ce n’est certainement pas trop cher payé, et c’est à la portée de tous et chacun. Et le bonus, c’est qu’après avoir remercié, la nourriture a encore meilleur goût : c’est la saveur de toute l’humanité qui en ressort. Bon appétit! ♥♥♥

Le cadeau de l'hypersensibilité

Avant de quitter mon emploi en 2021, j’ai eu le privilège de jouir d’une belle carrière qui aura duré presque 14 ans, dans le domaine des communications. Parmi mes nombreuses expériences professionnelles, un souvenir me restera toujours gravé dans la mémoire : une discussion très sérieuse avec une gestionnaire, au sujet d’une situation qui m’était particulièrement dérangeante et que je souhaitais voir se régler à tout prix.

Cherchant à exprimer ma désolation face à un contexte où je sentais la dynamique de mon équipe de plus en plus dysfonctionnelle (et ma santé psychologique en souffrir), cette personne m’a répondu : « Lyson, je sais que la situation est difficile, mais il faut que tu comprennes que tu es la sensible de ton équipe ». Silence. Confusion. Frustration. Sortie du bureau avec le cœur dans la gorge. Larmes.

Avec le temps, j’ai évidemment compris que ce qui constituait pour moi une de mes plus belles qualités représentait à ses yeux ma plus grande faiblesse. Et dans de nombreux milieux de travail, cette faiblesse n’est pas la bienvenue.

Est-ce que tu es une personne hypersensible ou empathe toi aussi? Il existe beaucoup plus de personnes qui présentent ces traits que l’on ne pourrait le croire. Malheureusement, afin de pouvoir s’adapter au monde dans lequel nous évoluons – productivité, rapidité, atteinte d’objectifs, course contre la montre – plusieurs nient ou tentent de modifier leur nature véritable pour ne pas être perçus comme étant des êtres vulnérables ou faibles.

Les personnes hypersensibles ou empathes sont très réceptives aux énergies environnantes. En général, elles sont très intuitives et ressentent aisément la vaste palette de leurs émotions. Si tout comme moi tu te reconnais dans cette brève description, tu ne réalises peut-être pas à quel point tes particularités sont précieuses. Je présume que tu t’es peut-être même déjà retrouvé dans une situation similaire à la mienne, où l’on t’a reproché ta trop grande sensibilité.

Sache que le monde actuel a un urgent besoin de sensibilité. Car ce n’est pas un signe de faiblesse : c’est une rareté! Je t’invite à accueillir ce qui te rend si unique, mais fragile aux yeux d’autrui. Car bien au contraire, les gens hypersensibles sont souvent dotés d’atouts inestimables : une grande intelligence émotionnelle, un intérêt marqué pour les autres et une manière particulière de ressentir la vie autour d’eux. L’hypersensibilité adoucit la vie et créé un monde plus bienveillant. Alors, célébrons au lieu de renier qui nous sommes!

Oui, j’étais jadis la sensible de mon équipe. Fierté. Aucun regret. Grand sourire. Larmes (de joie, cette fois!). ♥♥♥

J’ai deux suggestions de lecture pour toi :

Sensitive Is The New Strong ­– Anita Moorjani (en version française : Le pouvoir de l’hypersensibilité).

The Gift of Imperfection – Brenée Brown

Choisir la joie, même si

Les trois dernières années ont été éprouvantes à tous les niveaux, et je sais que je ne t’apprends rien (à moins d’avoir vécu en autarcie, loin de toute civilisation ou sur une autre planète). Personnellement, cette période a bousculé mon équilibre et m’a fait remettre en question la profondeur de mes valeurs et de ma foi. Un véritable test.

Pas besoin d’être spécialiste en la matière pour sentir que les structures actuelles sont en train de s’effondrer. Tous les domaines souffrent : les gouvernements, l’économie, la santé, l’éducation – sans compter les conflits et les guerres qui éclatent partout. Depuis trois ans, j’ai senti un clivage inquiétant se créer entre les individus pour toutes sortes de raisons, mais principalement au chapitre des divergences d’opinions. Constater les étiquettes qui sont de plus en plus attribuées aux gens ou aux groupes qui ont une façon différente de voir les choses est d’ailleurs de qui me cause le plus de souffrance. Car selon moi, poser des étiquettes – quelles qu’elles soient – élimine toute possibilité de dialogue et de rapprochement. C’est d’une perversité extrême. Les communications se font de plus en plus violentes entre les gens; je navigue d’ailleurs très mal dans ces eaux.

La peur semble être devenue la marque de commerce à laquelle carbure notre société. Je t’invite simplement à lire les grands titres des journaux. As-tu remarqué les mots qui sont utilisés? As-tu remarqué comme le vocabulaire choisi est de plus en plus négatif, dramatique, voire apocalyptique? Je te mets au défi de trouver des titres qui sont porteurs de bonnes nouvelles. Oui, il peut y en avoir de temps à autre, mais bien peu, car ce ne sont pas les bonnes nouvelles qui font grimper les cotes d’écoute et la popularité.

Une question se pose alors : comment garder sa joie dans un monde de plus en plus anxiogène? D’abord, est-ce approprié de vouloir demeurer dans un esprit calme et serein devant autant de souffrance humaine et face à l’état actuel du monde? J’ai compris que non seulement c’est sain, mais c’est plus que nécessaire.

Se donner la permission de voir la vie belle en toutes circonstances est un état d’esprit qui demande certainement beaucoup d’efforts, mais je crois que c’est le véritable point de départ. Choisir de goûter à la joie dans un monde qui souffre, c’est un immense premier pas vers une société plus chaleureuse et plus bienveillante.

« Les oiseaux chantent dans un monde cruel, et injuste. Peut-être ont-ils raison. »

(Andrea Schwarz, auteure).

N’est-ce pas la plus belle des phrases! Mais choisir la joie ne signifie pas qu’il faille fermer les yeux sur ce qui se passe, être dans le déni ou porter des lunettes roses. Le réel équilibre, c’est de voir le monde tel qu’il est, tout en demeurant centré sur sa volonté de ressentir de la joie… même si. Souffrir parce que les autres souffrent ne rend pas le monde meilleur. Être malheureux parce que les autres sont malheureux ne constitue pas un acte de compassion. Se faire petit et cesser de sourire parce que les structures sociétales s’écroulent ne contribue pas à améliorer le sort de l’humanité.

Aujourd’hui, je t’invite à être l’oiseau qui chante… même si! Exprime ta joie de vivre et ta douceur, même lorsque les choses vont mal autour de toi. C’est une gymnastique fragile, j’en suis consciente. Mais n’oublie jamais que le chant de l’oiseau est encore plus beau et puissant lorsque les journaux annoncent la fin du monde ♥♥♥

Devenir l’auteur de sa vie

Sais-tu qui écrit ton histoire?

Pour ma part, j’ai longtemps cru être l’auteure de ma propre vie. Mais avec beaucoup de recul, je réalise que ce n’était qu’illusion. Bien entendu, j'ai souvent goûté à un soupçon de mon authenticité, mais très rapidement je retournais sur le sentier sécurisant qu’emprunte l’humanité et qui n’était pas du tout le mien. Je présume que ça t’est arrivé aussi?

Cette citation me suit depuis plusieurs années : 

« Vous souvenez-vous de qui vous étiez avant que le monde ne vous dise qui vous devriez être? »  (Charles Bukowski [1920-1994] – écrivain américain d’origine allemande)

J’avoue que cette petite phrase m’est rentré dedans avec force la toute première fois où je l’ai lue. Elle m’a fait prendre conscience de tous les rôles – principaux et de soutien – que j’ai choisi de tenir au fil du temps : je suis demeurée dans des relations amoureuses toxiques, j’ai toléré des comportements inappropriés et non respectueux à mon égard par peur de faire de la peine aux autres, j’ai enduré des emplois qui me rongeait la santé, j’ai fait semblant d’être bien dans des contextes où j’avais envie de fuir, j’ai accepté de poursuivre des projets qui m’apportaient une sécurité financière mais qui ne me tenaient plus à cœur. Vraiment, j’aurais pu gagner à maintes reprises le trophée de la meilleure actrice!

Mais cette citation de Charles Bukowski m’a fait comprendre que si je ne choisis pas la vie que je désire profondément, la société et les autres se chargeront bien volontiers de décider à ma place.

On s’éloigne de sa propre histoire chaque fois que l’on dit oui quand on désire dire non… que l’on cache sa vraie nature et que l’on se fait petit pour passer inaperçu… que l’on accepte de jouer un rôle qui ne nous convient pas ou qui ne nous correspond plus… que l’on prend part à la parade, alors qu’on a le goût d’en sortir pour emprunter son propre sentier. À cet instant précis, on donne le stylo à quelqu’un d’autre pour décider de la suite du récit… et pas n’importe lequel : celui de notre vie.

Pour devenir l’auteur de sa propre vie, il faut une sacrée audace, car vivre selon ses propres conditions demande de surpasser ses plus grandes peurs. Être soi-même est un énorme risque, mais c’est le plus beau qui soit. J’aurai d’ailleurs l’occasion d’écrire à ce propos dans plusieurs de mes publications à venir. 

Alors, qui tient vraiment le stylo pour rédiger l’histoire de ta vie? Car comme l’a déjà dit le philosophe et poète Henry David Thoreau (1817-1862) : « Si tu n’es pas toi, qui le sera? » ♥♥♥

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